L'engouement français
Avec ou sans nicotine, aromatisée ou non, la cigarette électronique a ses adeptes. Ils seraient 7 millions en Europe à avoir troqué, partiellement ou complètement, leur roulade de tabac contre son pendant électronique. «Cela représente un marché de 200 millions d'euros en Europe. La France est leader ; les e-cigarette shops y poussent comme des champignons, s'exclame Katia Merten-Lentz, partner chez Field Fisher Waterhouse, spécialisée en droit réglementaire européen. Il y a eu un réel engouement ces 18 derniers mois.» Même les cigarettiers, initialement menacés par la nouvelle venue, ont pris le parti de se lancer dans ce marché prometteur.
Lente consumation belge
En Belgique, nous ne connaissons pas encore l'emballement constaté chez nos voisins. Selon la Fondation contre le Cancer, l'e-cigarette restait limitée à 2 % des fumeurs en juin 2013. «Mais la situation a déjà bien changé par rapport à 2012, quand ce chiffre s'élevait seulement à 0,2 %», précise Luk Joossens, expert en prévention tabac à la Fondation contre le Cancer. Il y aurait donc environ 50.000 «vapoteurs» en Belgique, bien qu'aucun chiffre officiel ne le confirme. «Cela me semble peu», précise Alain Heusdain, vendeur d'e-cigarettes en ligne. Comme d'autres vendeurs interrogés, il constate une augmentation croissante de la demande.
Probable explosion
Pour le moment, les magasins physiques en Belgique se comptent sur les doigts des deux mains : une poignée à Bruxelles, deux en Flandre, de récentes ouvertures en Wallonie. «Mais il n'y a aucune raison juridique ou culturelle pour que le phénomène ne gagne pas rapidement la Belgique», prédit Katia Merten-Lentz. «Personne n'avait prévu l'explosion des ventes en Grande-Bretagne et en France. On doit s'attendre à tout. Certains estiment même que dans 10 ans la cigarette électronique sera plus vendue que sa version traditionnelle», ajoute de son côté Luk Joossens.
Pas de fumée sans feu
Du côté des défenseurs de la santé, le sujet divise ceux qui vantent l'aide précieuse que l'e-cigarette apporte pour arrêter de fumer et ceux qui craignent qu'elle ne constitue une porte d'entrée vers le tabagisme pour les non-fumeurs, notamment grâce au caractère attractif des arômes. Le rapport du Conseil supérieur de la Santé début décembre a fait des vagues dans le secteur belge, préconisant que l'e-cigarette avec nicotine ne puisse se procurer en vente libre, mais soit confinée aux pharmacies. Si sa composition, pas encore réglementée, contient des éléments toxiques, les experts reconnaissent qu'elle est moins nocive que la cigarette classique. Aucune étude scientifique n'en démontre pour autant l'effet thérapeutique.
L'Europe a la rescousse
L'Europe a partiellement tranché le débat le 18 décembre dernier avec l'adaptation de la directive européenne sur le tabac et son volet consacré à la cigarette électronique. Elle stipule que «les cigarettes électroniques devraient être réglementées soit comme des médicaments si elles sont présentées comme des produits ayant des propriétés curatives ou préventives, soit comme des produits du tabac», donc soumises aux règles qui y sont liées (interdiction de publicité, avertissements sur l'emballage, etc.). Dans le second cas, avec une concentration en nicotine n'excédant pas 20 mg/ml, elles pourraient être en vente libre. Pour l'instant, les cigarettes électroniques contenant de la nicotine sont vendues illégalement en Belgique. Le délai de transposition de la directive en droit belge — qui prendra quelques années — pourrait être une incitation supplémentaire au développement de l'e-cigarette dans le plat pays.
2 POUR CENT
des fumeurs en Belgique utiliseraient l'e-cigarette, selon une étude de juin 2013.
700.000 DÉCÈS
par an dans l'Union européenne sont causés par le tabagisme. Les mesures de lutte ont permis de réduire la part de fumeurs de 40 % en 2002 (dans l'UE à 15 pays membres) à 28 % en 2012 (27 pays).
20 MILLIGRAMMES
maximum de nicotine par millilitres seront autorisés dans les cartouches pour cigarettes électroniques. La capacité de ces recharges sera limitée à 2 millilitres.
Article first appeared in www.trends.be 9 Janvier 2014
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