Cet article a été écrit en collaboration avec Arnaud Rorgiez, ing., EMBA, PMP et associé chez Strategia Conseil, et Pier-Olivier Leclerc, ing., PA LEED et conseiller en gestion de projet chez Strategia Conseil.

Au Québec, le secteur de l'énergie connaît actuellement une transformation significative, orientée vers le développement accru des énergies renouvelables, incluant l'énergie éolienne, solaire, l'hydroélectricité, la biométhanisation et l'hydrogène vert. Cette évolution est étroitement alignée avec une politique gouvernementale désirant promouvoir efficacement la transition énergétique dans la province.

Cette transition dépasse la simple dimension technologique. Elle représente une opportunité de repenser les stratégies contractuelles utilisées pour la réalisation de ces projets, et d'implanter les meilleures pratiques en matière de gestion de projet et de contrôle des coûts. L'objectif est double : dé-risquer les projets et s'assurer du respect des échéanciers et des budgets établis.

Portés par un héritage bien établi, les projets dans le secteur de l'énergie ont généralement adopté le modèle traditionnel, segmentant chaque phase – de la conception à la construction – et les confiant à différentes entités. Alternativement, certains projets optent pour le mode Ingénierie, Approvisionnement et Gestion de Construction (IAGC, ou EPC/M en anglais). Ce modèle, bien qu'il intègre les différentes étapes du projet, présente souvent une rigidité liée à son cadre transactionnel, principalement due à sa structure de rémunération à prix forfaitaire. Cette méthode entraîne également un transfert substantiel des risques vers l'entrepreneur, réduisant la flexibilité et limitant la capacité du client à apporter des modifications une fois le projet lancé.

Les nouvelles tendances au niveau des modes de réalisation

Ces dernières années, l'industrie de la construction connaît une évolution significative, s'orientant progressivement vers des approches plus collaboratives. Cette évolution est motivée par la recherche d'une optimisation de la valeur pour chaque dollar investi, l'amélioration de l'efficacité, la réduction des délais de réalisation, et la stimulation de l'innovation. Cette tendance s'inscrit dans un contexte marqué par des contraintes techniques, technologiques, réglementaires et environnementales de plus en plus exigeantes. Ce virage vers la collaboration est donc une réponse adaptée aux défis croissants du secteur de l'énergie.

La transformation actuelle dans la gestion de projets s'appuie fortement sur les approches collaboratives, notamment le mode de réalisation de projet intégré (RPI) et le mode Conception-construction-progressif (CCP). Ces modes collaboratifs offrent plusieurs avantages significatifs :

  1. Collaboration dès la phase de conception : dès cette étape, les divers intervenants, y compris l'entrepreneur général, travaillent en étroite collaboration. Cette interaction favorise une compréhension approfondie des objectifs du projet, permet l'intégration des diverses expertises et perspectives, et ouvre la voie à des solutions de conception plus innovantes et mieux adaptées aux exigences spécifiques du projet.
  2. Gestion efficace des risques : ces modes encouragent une répartition et une gestion proactive des risques dès le début du projet. Tous les acteurs principaux participent à l'identification, à l'analyse et à la gestion collective des risques, réduisant ainsi les incertitudes et permettant un partage plus équilibré entre les parties prenantes.
  3. Communication et coordination optimisées : Une plus grande fluidité des communications et une coordination plus étroite entre les parties sont également des atouts majeurs. La transparence et l'échange constant d'informations aident à éviter les malentendus, réduire les erreurs, anticiper les problèmes éventuels et accélérer la prise de décision. Ces aspects contribuent à une exécution de projet plus fluide, et peuvent significativement diminuer les coûts et les délais de réalisation.
  4. Agilité et innovation technologique : Les modes collaboratifs favorisent une agilité accrue face aux innovations technologiques du secteur énergétique. Avec la collaboration étroite entre les différents experts – ingénieurs, fournisseurs, entrepreneurs, et clients – il devient plus facile d'intégrer de nouvelles technologies et solutions durables au fur et à mesure de leur émergence.

En adoptant ces modes (ou des versions hybrides de ceux-ci), les acteurs du secteur de l'énergie – donneurs d'ouvrage, promoteurs, financiers et entrepreneurs – travaillent de concert pour identifier, évaluer et gérer les risques dès le départ. Cela conduit non seulement à une meilleure prévisibilité et maîtrise des coûts et des délais, mais favorise également une atmosphère de confiance et de coopération, essentielle pour l'innovation et la réussite du projet.

Ces modes sont particulièrement adaptés dans les projets énergétiques en raison du degré élevé de complexité technique et aux risques liés à l'approvisionnement d'équipements et composantes hautement spécialisées. 

Le cadre contractuel, soit la structure de détention des projets, en passant par les contrats d'approvisionnement et les contrats de construction doit être pensé et structuré selon ce nouveau mode de gestion.

Le rôle de la gestion de projet

Dans ce contexte, la gestion de projet ne se limite plus à la surveillance des budgets et des échéanciers, mais s'engage activement dans la facilitation d'une collaboration efficace entre toutes les parties prenantes.

Cette gestion collaborative implique une planification participative, où la définition des objectifs et l'élaboration des plans se font en concertation avec toutes les parties impliquées. La gestion proactive des risques devient un exercice pratique de résolution de problèmes. Les gestionnaires de projet ne se contentent pas d'identifier les risques potentiels, mais travaillent avec l'équipe pour développer des stratégies d'atténuation concrètes et réactives, et en assurer le suivi durant la phase d'exécution.

Finalement, la gestion de projet dans un mode collaboratif agit comme le lien qui maintient toutes les parties alignées sur les objectifs à long terme du projet. Elle veille à ce que, malgré les nombreux intervenants et les tâches complexes, le projet progresse de manière cohérente et efficace vers son achèvement.

En résumé, dans les modes collaboratifs, la gestion de projet en construction énergétique n'est plus une simple fonction administrative. Elle devient un acteur clé dans la réalisation du projet, transformant les défis en opportunités et assurant le succès dans un secteur en constante évolution.

Conclusion

Les modes collaboratifs et la gestion de projet présentent des avantages indéniables pour l'industrie de la construction, en particulier dans le secteur de l'énergie qui est caractérisé par un degré élevé de complexité technique et par l'approvisionnement d'équipements et composantes hautement spécialisées.

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