L'électricité du Canada atlantique est produite principalement à partir de combustibles fossiles (charbon, diesel, mazout et gaz naturel) et d'une centrale nucléaire, la Centrale nucléaire de Point Lepreau, d'une capacité nette de 660 MW. Toutefois, le potentiel d'énergie renouvelable du Canada atlantique est considérable.

Dans son discours du Trône du 24 septembre 2020, le gouvernement du Canada a annoncé son soutien au projet Atlantic Loop, aussi appelé projet de boucle de l'Atlantique, qui « permettra de fournir des surplus énergétiques à des communautés qui délaissent le charbon ».

Le projet Muskrat Falls, situé sur la rivière Churchill au Labrador, est une centrale hydro-électrique de 824 MW qui devait être mise en service au début de l'année 2021. Muskrat Falls compte également de 1 600 km de lignes de transport d'électricité, dont deux câbles sous-marins. Le premier câble reliera le Labrador à l'île de Terre-Neuve et le second, Terre-Neuve à la Nouvelle-Écosse.

Un volume de 2 250 MW supplémentaires pourra être produit à Gull Island, le long de la même rivière. En outre, le Canada atlantique a énormément de ressources éoliennes, de ressources solaires, de sources de biomasse et de ressources marémotrices. Si le Québec est intégré au projet de boucle de l'Atlantique, la majeure partie voire la totalité de la production de combustible fossile du Canada atlantique pourrait être remplacée à moyen terme par de l'énergie renouvelable.

Le Québec possède d'importants surplus d'énergie renouvelable. Même si les exportations vers les États-Unis pourraient absorber certains surplus d'électricité, cette avenue est limitée puisque la politique intérieure des États-Unis (y compris celle du prochain gouvernement du président Biden) favorise l'énergie renouvelable nationale au détriment des importations. Il est par conséquent dans l'intérêt du Québec de se mettre à la recherche d'autres marchés et le projet de boucle de l'Atlantique semble tomber à point.

Tel qu'il a été proposé, le projet de boucle de l'Atlantique nécessite des installations de transport supplémentaires, mais, plus important peut-être, il servira à modifier la façon de faire des affaires de certains services publics.

Dans l'étude du MIT publiée en février dernier, il a été conclu que le meilleur usage des installations et des réservoirs d'Hydro-Québec consiste à équilibrer la production d'énergies renouvelables intermittentes. Selon ce plan, Hydro-Québec vendra de l'électricité à une province ou à un État lorsque les ressources éoliennes ou solaires de la province ou de l'État seront insuffisantes et, au contraire, achètera de l'électricité en présence d'un surplus d'électricité renouvelable. Lorsqu'elle conservera de l'eau dans ses réservoirs, Hydro-Québec « entreposera » en pratique de l'énergie en vue d'en faire un usage ultérieur et deviendra la batterie du projet de boucle de l'Atlantique ou du nord-est des États-Unis.

Non seulement cette manière complémentaire de faire des affaires diminuera le coût des services publics, mais elle est en outre plus facile à promouvoir politiquement au Canada atlantique et dans le nord-est des États-Unis, puisque le « flux électrique bidirectionnel » ne délocalisera pas les producteurs d'énergie renouvelable locaux ni les emplois et les investissements qu'ils engendrent.

Une plus grande intégration du réseau dans l'est du Canada et, espérons-le, dans le nord-est des États-Unis servira également de modèle au Manitoba et à la Colombie-Britannique, deux provinces dont les voisines font une importante consommation de capacité hydro-électrique et de combustible fossile.

Comme c'est souvent le cas au Canada, les défis les plus importants à relever dans le cadre de la mise en Suvre du projet de boucle de l'Atlantique sont politiques plutôt que technologiques.

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