En 1975, après le sommet du G6 à Rambouillet, les États-Unis ont demandé l'ajout du Canada au groupe des principales nations industrialisées. Le président français Giscard d'Estaing a d'abord refusé. Même s'il n'avait aucune animosité envers le Canada — il avait d'ailleurs enseigné au Collège Stanislas de Montréal en 1948 — Giscard d'Estaing était d'avis que le Canada était trop petit et servirait seulement de contrepoids proaméricain aux Européens du continent. Les Américains ont finalement eu gain de cause et le Canada a été invité au sommet de 1976 à Dorado, Porto Rico, en qualité de septième membre du club.

Le 50e anniversaire du G7 approche désormais et le poids du Canada au sein du club est en train de s'accroître. Le G7 est le noyau dur des démocraties du monde, régime politique actuellement sous pression politique et économique. Jusqu'à ce que la situation s'améliore, les membres du G7 vont devoir intensifier leur collaboration, ce qui amènera le Canada, même s'il est le plus petit membre, à jouer un rôle important :

  • Démocratie multiculturelle stable d'une vaste superficie et d'une richesse naturelle extraordinaire, le Canada est stratégiquement situé au centre géographique du G7, avec le Japon à l'Ouest, les États-Unis au Sud et les quatre membres européens du groupe à l'Est.
  • Comme de nombreuses sources d'énergie et de minéraux critiques et stratégiques (MCS) nécessaires à une économie moderne sont contrôlées par des concurrents géopolitiques du G7, l'importance du Canada comme fournisseur amical et relativement proche de ressources essentielles est appelée à croître.

Activité récente du G7 dans le secteur des ressources au Canada

Voici des exemples récents tirés des médias :

  • Le Japon voit le Canada comme une source potentielle de MCS et de GNL (gaz naturel liquéfié), entre autres ressources, notamment en raison du projet de GNL canadien en Colombie-Britannique.
  • Le 16 mars 2021, l'Allemagne et le Canada ont annoncé la signature d'un accord de coopération sur la production canadienne d'hydrogène vert qui sera exportée vers l'Allemagne. Actuellement, l'hydrogène est considéré comme le seul combustible capable de décarboniser l'industrie lourde et le transport ferroviaire de marchandises.
  • Reuters a rapporté le 18 mars 2021 que le président Biden et son administration cherchaient à aider les fabricants et les minières des États-Unis à explorer et produire des MCS au Canada. Comme les Américains ont tendance à régler leurs problèmes à coups d'argent, cela augure bien pour les régions éloignées du Canada et les populations qui y vivent, notamment les Premières Nations, qui sont devenues des acteurs incontournables dans la plupart des projets d'exploitation de ressources au Canada.

Enjeux à l'horizon

Cette tendance se poursuivra sûrement. Afin d'éviter les discussions embarrassantes à l'avenir, le Canada devrait commencer à discuter avec ses alliés du G7 et avec les provinces des conditions auxquelles les membres du G7 pourraient élargir leur accès à ses richesses minérales et énergétiques, dans le but d'harmoniser tous ces investissements à venir avec les besoins et les ambitions du pays.

Par exemple, la position actuelle de l'Allemagne sur l'hydrogène vert concerne la côte est du Canada, plus précisément le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador. Le réseau électrique du Québec importe actuellement plus de 5 400 MW d'hydroélectricité produite à Churchill Falls, au Labrador. En ce moment, la presque totalité de l'électricité produite à Churchill Falls est achetée par Hydro-Québec et exportée au Québec. Le contrat d'électricité régissant Churchill Falls se termine en 2041. Le contrat sera-t-il renouvelé si Terre-Neuve-et-Labrador réussit à produire de l'hydrogène vert et que les producteurs d'hydrogène réclament davantage d'électricité?

Le Canada cherche depuis longtemps à se débarrasser de son image de « bûcherons et porteurs d'eau ». L'investissement par des pays étrangers – même des membres du G7 - uniquement en vue d'extraire et d'exporter des MCS sans ajouter de valeur au Canada est contraire aux plans de développement économique de certaines provinces, notamment le Québec. En février 2021, le Québec a publié son Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques 2020-2025 (voir l' article à ce sujet). En outre, la Loi sur les mines du Québec (article 101.0.2) dispose expressément que le gouvernement peut conditionner l'octroi d'un bail minier à la création d'activités à valeur ajoutée au Québec. Autrement dit, l'extraction pure et simple des ressources n'est plus l'objectif final. Qu'arrivera-t-il si ces exigences posées par le Québec sont contraires aux besoins et aux souhaits d'une puissante nation du G7?

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