Étant donné que les possibilités de prolongements supplémentaires des pipelines vers l'ouest et vers le sud sont rares, certains intervenants, économistes et observateurs de l'industrie pétrolière canadienne regardent à nouveau en direction de l'Est canadien. Ce billet porte sur les perspectives liées aux nouveaux projets de pipelines au Québec.

Peser le pour et le contre

Dernièrement, l'Institut économique de Montréal, cercle de réflexion de centre droit, a publié un article qui défend la nécessité de repenser la stratégie en matière d'oléoducs du Canada et souligne le rôle des nouveaux projets d'oléoducs, qui sont considérés comme le moyen de transport du pétrole le plus sûr et le plus écologique.

L'argument économique en faveur de l'augmentation des exportations de pétrole du Canada est convaincant lorsqu'il est replacé dans le contexte mondial. La consommation mondiale de pétrole devrait croître pendant encore quelques décennies avant de finalement diminuer, laissant une grande partie des réserves mondiales à l'abandon et considérablement dépréciées. Il existe aussi un argument de sécurité nationale en faveur de la réduction des importations en provenance des États-Unis. L'histoire récente a montré qu'en situation d'urgence, les États-Unis font généralement prévaloir l'approche nationale sur l'approche nord-américaine.

Toutefois, l'argument en faveur de l'augmentation de la capacité des pipelines et des exportations de pétrole suscite toujours beaucoup d'hostilité au Québec. En 2014, le gouvernement du Québec avait établi sept conditions régissant l'expansion des pipelines au Québec (énumérées dans le lien hypertexte). Même si le Québec a précisé ses conditions depuis sept ans seulement, la position du gouvernement provincial dans ce dossier s'est vraisemblablement durcie en défaveur du prolongement des pipelines vers l'Est - au moins en partie pour les raisons suivantes :

L'image « verte » du Québec

Le gouvernement du Québec bâtit son économie sur le substrat de l'électricité renouvelable et souhaite réduire la consommation de pétrole au Québec. L'expansion des oléoducs enverrait le mauvais signal au moment où le Québec tente de bâtir une économie « verte ».

Environnement

II existe un large consensus entre les électeurs du Québec à propos de la nécessité de protéger les vastes ressources hydriques de la province, notamment le fleuve Saint-Laurent. L'idée d'avoir de nouveaux pipelines qui traversent les voies navigables et augmentent la circulation des pétroliers est extrêmement impopulaire et les politiciens provinciaux et fédéraux auraient beaucoup de mal à la faire accepter.

Perspectives économiques

L'économie du Québec est diversifiée et se porte relativement bien. Le Québec croit avoir de nombreuses possibilités de continuer à faire croître son économie, mais le recours accru aux énergies fossiles n'en fait pas partie. Le soutien provincial et régional discret accordé au projet de pipeline et de terminal d'exportation de GNL d'Énergie Saguenay (gaz naturel liquéfié) est instructif à cet égard.

Répercussions éventuelles d'une interruption sur la position du Québec

Ainsi, en l'absence d'interruption du système d'approvisionnement actuel, la probabilité que les électeurs du Québec acceptent le prolongement d'un oléoduc dans leur province est mince.

Cependant, les interruptions peuvent se produire. La ligne 5 de l'oléoduc d'Enbridge qui approvisionne l'Ontario et le Québec traverse le détroit de Mackinac au Michigan, qui relie le lac Michigan au lac Huron. La gouverneure du Michigan souhaite mettre fin au droit de passage d'Enbridge pour des raisons environnementales. Enbridge et d'autres s'opposent à cette idée. Si le Michigan parvenait à ses fins, le Québec et l'Ontario devront trouver de nouveaux axes d'approvisionnement. Les pipelines existants de l'Ouest sont saturés, si bien que le pétrole devra être acheminé par train de l'Ouest ou importé par bateau. Cette situation entraînera une forte augmentation de la circulation des pétroliers sur le Saint-Laurent, puisqu'il est peu probable que l' oléoduc Portland-Montréal inutilisé dont la capacité est d'un peu plus de 200 000 b/j (barils par jour) puisse reprendre du service. En effet, Portland (et d'autres villes), les ONG, et les particuliers s'opposent à toute utilisation future de l'oléoduc, qu'il serve à approvisionner le Québec en pétrole ou à exporter du pétrole depuis le Canada.

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